dimanche 4 décembre 2011

La Grande Tarversée 11 : Dawson City


Samedi, le 27 août, Jour 44 : 32.6 km (10 640.1 km)
Dawson City, YT

Notre journée à Dawson City, la célèbre ville du Klondike Gold Rush, ville où de célèbres histoires telles que Croc Blanc ont vu le jour, a débuté par une visite du lieu où tout a commencé. On s’est rendues au Claim #6 sur la Bonanza Creek Road, au bord du Bonanza Creek où la pépite d’or qui a lancé le grand Gold Rush a été trouvée en 1896. Le Claim#6 était ouvert au public et tout le monde qui arrivait là avec sa « gold pan » avait le droit de faire du « goldpanning », chercher de l’or en lavant du sol dans les eaux du Bonanza Creek. 

Quand on y est arrivées, il y avait deux personnes, les pieds dans l’eau, en train de sérieusement chercher de l’or dans le fond de leur gold pan. Évidemment, nous aussi on a regardé un peu ce qu’il y avait dans le fond du creek, mais il faut de bons yeux ! L’eau était remplie de petites paillettes de mica scintillantes et il semblait impossible de faire la différence entre le mica et l’or, s’il y en avait. On est allé parler à un monsieur aux cheveux gris tout ébouriffés à l’air sympathique et savant, qui était en train de contempler le fond de sa gold pan. Il avait trouvé de l’or et nous a montré le petit bout d’or au milieu de tous les morceaux de mica. Moi, je ne l’aurai certainement pas vu ! Ce monsieur venait d’Australie et avait l’habitude de venir au Yukon pour cherchait de l’or, quand il n’était pas en Nouvelle-Zélande ou en Australie pour faire la même chose. Faute d’avoir trouvé de l’or nous-mêmes, on s’est pris des bouts de mica en souvenir du Bonanza Creek.

On s’est ensuite rendues au Discovery Claim, là où toute la folie du Gold Rush a débuté, pour y découvrir toute l’histoire de la ruée vers l’or. Toujours sur le Bonanza Creek, on est aussi allé voir la Dredge #4, dinosaure de la ruée vers l’or. Les « dredge » étaient d’énormes machines flottantes qui labouraient la terre tout autour de Dawson pour trouver de l’or. La terre entrait à l’avant par une langue rampe, était rincée à l’intérieur et ressortait derrière. Ces machines fonctionnaient à l’année longue et il y en avait plus de 20 faisant un bruit infernal autour de Dawson et ouvrant les entrailles de la terre. Aujourd’hui encore, en arrivant à Dawson, on traverse les grosses trainées de roche retournée laissées là par ces engins.

Et enfin, on est allé à la ville de Dawson. La ville était peuplée de maisons en bois de toutes les couleurs et de toutes les tailles, allant du petit chalet rustique en rondins de bois et avec de l’herbe sur le toit à la grande maison peinte de couleurs vives et entourée de fleurs multicolores. Et bien sûr, les rues de la ville n’étaient pas asphaltées, mais étaient encore en terre battue comme au bon vieux temps, avec les trottoirs en bois et tout ce qu’il faut pour se sentir transporté un siècle dans le passé. Les maisons étaient toutes ouvertes, les gens prenaient le soleil, jasaient, jouaient de la musique et des petits garçons vendaient de la limonade au coin de rue. On a découvert le Jack London Museum, avec la cabane dans laquelle le célèbre auteur a vécu et écrit ses œuvres connues dans le monde entier. Un peu plus loin, il y avait aussi la cabane de Robert Service, célèbre poète du Yukon. Lisez quelques-uns de ses poèmes, si vous souhaitez avoir une impression de ce qu’était le Yukon à cette époque et de ce qu’il est encore aujourd’hui, car le célèbre vers « Strange things done under the midnight sun… » s’applique encore aujourd’hui ! Un peu plus loin, un vieux cimetière nous offrait un autre voyage dans le temps. Les pierres tombales n’étaient que de vieilles planches, certaines datant des débuts de Dawson étaient quasiment illisibles. C’était le cimetière du Yukon Order of Pioneers (YOOP).

Au centre-ville, on se promenait sur les trottoirs en bois devant toutes ces maisons colorées aux façades boomtown. Toutes les rues avaient l’air si belles, on ne savait par où se diriger. Et là, arrivées devant le Palace Grand Theatre, on a encore voyagé dans le temps : il y avait un bal organisé par la RCMP. Les Mounties se promenaient dans leurs superbes uniformes rouges avec de belles bottes en cuir et leurs compagnes étaient vêtues de magnifiques robes de l’époque, sans oublier les plumes dans les cheveux ! À l’office de tourisme, tout le monde était habillé comme à l’époque aussi. Avec nos vêtements du 21è siècle, on commençait à se sentir déplacé ! On s’est encore promené un peu et finalement, le soir est venu et on avait attendu le soir avec impatience !

On s’est rendues au Downtown Hotel. Devant l’entrée, une pierre tombale annonçait la couleur : elle était dédiée aux Sourtoes et on pouvait lire : I. Swallowed; II. Lost; III. Swallowed; IV. Alive and well. Oui, l’heure du Sourtoe Cocktail était enfin arrivée !! On s’est installées dans le bar et à 21h précise, un petit monsieur au chapeau de marin est arrivé avec une boîte sous le bras. Il s’est installé dans un coin et a déballé le Sourtoe de la boîte. Un groupe de voyageurs habillés comme à l’époque aussi, ont été les premiers à boire le cocktail. Ça hurlait, applaudissait et riait et nous, on les a rejoints avec nos verres de Yukon Jack (what else?). L’heure était venue !! Le Sourtoe, un gros orteil humain préservé dans de l’alcohol, avait vraiment l’air répugnant. Il était tout fripé, on voyait les rainures dans l’ongle et l’os à l’intérieur et tout. Le petit monsieur a posé le Sourtoe sur une serviette au milieu de la table et je me suis assise en face de lui. Il a lu un texte très formel et à pris en note mon nom dans son cahier. J’ai mis l’orteil dans mon verre, ai mis le chapeau du capitaine sur ma tête et ait vidé le verre jusqu’à la dernière goutte encouragée par les gens tout autour. C’était fait ! J’ai reçu mon certificat, faisant de moi le membre #43 271 du Sourtoe Cocktail Club et attestant que je suis « a person capable of almost anything ». Le certificat dans une main et le Sourtoe dans l’autre (et ensuite entre les dents, ce qui a fait hurler tout le monde), j’ai posé pour une photo à côté du monsieur. Quelle soirée, et elle n’était pas finie !!

On s’est ensuite rendues au Diamond Tooth Gerties : le plus vieux casino du Canada où on pouvait voir un vrai « gold-rush can-can show ». Le casino était bien rempli et à l’intérieur tout était beau et comme à l’époque et les employés aussi étaient habillés comme à l’époque. On est arrivées pour le deuxième show de la soirée. Il y avait Gertie, la « patronne », une belle femme costaud avec une voix forte, 4 danseuses cancan et un chanteur. Le show était vraiment bon et drôle. Après le show, on a profité un peu du casino (j’ai perdu 25 cennes ciboire !) et on a même rencontré des Abitibiens. Le monde est petit ! À minuit a eu lieu le troisième show de la soirée, le show le moins touristique et il y avait pas mal de locaux dans la salle et une fois encore, c’était vraiment bon !

Cette belle soirée, qui allait être la dernière de notre voyage et ensuite devenue inoubliable et certainement la meilleure soirée du voyage : en sortant de chez Gertie’s, on a levé les yeux et au-dessus de nous dansait une aurore boréale dans le ciel nocturne de Dawson. C’était ma première aurore boréale ! La semaine parfaite sur le Dempster, cette journée parfaite à Dawson et tout ce superbe voyage a été couronné par ma première aurore boréale !!!


Jour 45 : 558.5 km (11 198.6 km)
Dawson City, YT -> Whitehorse, YT

Ce matin-là, on a du se préparer à se séparer… Il fallait faire le ménage dans Bill, que chacune de nous récupère ses affaires et diviser les restants de la nourriture. Et on a enfin engravé Bill (ou plutôt la croûte de bouette qui le couvrait) : « DID THE DEMPSTER and had NO FLAT ». Ah, sacré Bill !

À Dawson on a traversé la Yukon River sur le petit traversier de la ville (les habitant s refusent de construire un pont sur la rivière tout comme ils refusent d’asphalter les rues). J’allais déposer Caroline et Nynke à l’auberge de jeunesse de l’autre côté de la rivière. Autant j’avais eu peur au départ d’avoir de la compagnie, autant je regrettais maintenant de quitter les filles. C’était étrange de monter seule dans Bill et de reprendre la route toute seule. J’espérais bien les revoir un jour !

J’ai quitté Dawson et ait repris le North Klondike Highway en direction de Whitehorse. C’était difficile de partir de Dawson. Après une heure de route déjà, je me suis arrêtée sur une aire de repos pour profiter d’une dernière vue sur les montagnes au nord et pour prendre mon lunch. Et là, je me suis transformée en attraction touristique. D’abord quelques personnes m’ont abordée pour avoir des informations sur le Dempster. Ensuite un bus de touristes s’est arrêté là déversant une horde de petits vieux armés d’appareils photos sur l’aire de repos. Beaucoup sont venus me parler pour savoir si j’avais vraiment fait le Dempster et encore plus ont voulu me prendre en photo avec Bill ! Finalement, j’ai repris la route vers Whitehorse… La route était longue et je me sentais bien seule, sauf lorsqu’un ours et puis un coyote, qui m’a regardé droit dans les yeux, ont croisé mon chemin.

Arrivée à Whitehorse, je suis retournée au camping où on avait été avec Caroline et Nynke. Ça allait être ma première nuit en camping seule. Le souper était déprimant. J’avais le cœur lourd, le voyage était fini et j’avais quitté deux amies et compagnes de voyage. Mais je savais aussi, qu’après une bonne nuit de sommeil, tout irait mieux, car le lendemain ma vie au Yukon allait commencer et bien des aventures m’attendaient !



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