Avec l’arrivée du printemps (sur le calendrier, pas en vrai),
la malchance a cessé de me poursuivre et les choses se sont enfin améliorées…
Et pour bien entamer la nouvelle saison j’ai fait un petit voyage dans le « sud »,
à Calgary !
Je n’aime pas les grandes villes et je n’aime pas Calgary,
alors pourquoi aller là ? Pour me trouver un nouveau compagnon de route, une
nouvelle voiture ! Au Yukon, les bonnes affaires sont rares, voire
inexistantes, et après deux mois sans voiture, je ne pouvais pas me permettre d’attendre
des mois pour qu’une bonne affaire se présente. Alors j’ai pris l’avion pour
Calgary, après tout au Texas du Canada les véhicules sont quasiment plus
nombreux que les humains ! Évidemment c’était le même scénario que d’habitude :
petite Sylvie débarque de l’avion et commence par avoir un accès de panique (ou
presque) en voyant les innombrables personnes et voitures sur les routes, le trafic
chaotique et les autoroutes à 4 voies. Pas facile. Mais finalement mon séjour à
Calgary s’est passé sans accident (c’est que la malchance m’avait vraiment
quittée) et oui, j’ai trouvé une belle petite voiture pour Remplacer Bill. Une
magnifique Subaru bleue. Son nom est Elfie (court pour Eleftheria, « liberté »
en grec) et elle va à merveille !
Une fois toutes les formalitées réglées et Elfie baptisée, j’ai
pris la route vers le nord en passant par les Rocheuses : Canmore, Banff,
Jasper. C’était étrange de retracer mes pas d’il y a deux ans et de revoir tous
ces paysages sous la neige et sans tous les touristes. Même sous la neige, les
Rocheuses restent très belles. En quittant Jasper, j’ai rencontré un loup. Il
était assis au bord d’un lac à 100m de la route, je ne voyais que lui, mais je
pouvais entendre le reste de la meute hurler autour. À partir de là, j’ai pris
une route que je ne connaissais pas encore. Au lieu de partir vers l’ouest et
le BC, je suis partie vers l’est et les plaines de l’Alberta et j’ai longé les
Foothills vers le nord, jusqu’à Grande Prairie en Alberta. J’avais prévu d’y
passer la nuit, mais Grande Prairie n’est réellement qu’une ville de pétrole et
absolument hideuse : les dédales cauchemardesques de banlieues
américaines, d’énormes boulevards sur lesquels ne circulent que des gros
pickups neufs et qui sont bordés de centres commerciaux, rien à taille humaine,
rien de beau en vue, que les nuages dans le ciel. Bref, j’ai vite fait de
traverser Grande Prairie et de partir vers l’ouest et le BC. Ça a fait du bien
de laisser l’Alberta derrière moi et d’arriver à Dawson Creek. Pas très beau
non plus, mais bien plus supportable.
Dawson Creek en Colombie Britannique marque le début de l’Alaska
Highway, au bord du quel je vis, plus de 1 400 km plus loin au nord-ouest.
Et avec une petite tempête de neige pour bien commencer mon voyage sur l’Alaska
Highway, c’était comme de rentrer à la maison ! Lorsque les conditions de route
se sont tellement dégradées que je passais des véhicules dans le ditch aux 10
minutes, je me réjouissais un peu moins de la météo. Mais Elfie était bien
bonne, tenue de route impeccable ! Au bout de quelques heures le soleil est
réapparu et on a pu continuer la route vers les Rocheuses du Nord et jusqu’à la
petite halte routière à Toad River dans les montagnes. Ce bout de route s’est
avéré très intéressant… À serpenter entre les montagnes, devenant très étroite
par endroits, longeant falaises escarpées et lacs, cette route me faisait
penser à une petite route de montagne en Europe, plutôt qu’à la voie d’approvisionnement
principale d’un territoire canadien. Et on s’étonne que le Yukon puisse si
facilement être coupé du monde extérieur ! On dit que ça prit 3 ans pour
construire cette route et 49 ans pour la réparer… Chapeau aux camionneurs et
aux travailleurs qui entretiennent cette route !
Mon dernier jour sur la route a été long, mais très beau ! J’ai
quittée Toad River et son plafond rempli des casquettes tôt le matin pour
arriver bien vite aux Liard Hot Springs. Un petit bout de paradis sur terre !
En plein milieu de nulle part, au bord de l’Alaska Highway, on se rend aux hot
springs en traversant la forêt et un marais sur une passerelle en bois. 500m
plus loin, on arrive aux bassins naturels des hot springs alimentés par une
petite cascade de laquelle s’écoule une eau merveilleusement chaude. Le seul
défi, c’est de se changer dans les cabines en bois (non chauffées bien sûr) par
des températures sous 0°C. Mais croyez-moi, ça en vaut amplement la peine !!
Quitter ce merveilleux endroit est un défi aussi…
Plus loin sur l’Alaska Highway, j’ai fait connaissance des « Alaska
Highway Speed Bumps » : des bisons sauvages qui adorent passer leur
temps à côté et sur la route sur 200 km. Là, il faut prendre les panneaux d’avertissement
au sérieux, ce n’est pas une question de « si on va en voir », c’est
une question de « si on va les voir à temps ». Ils étaient nombreux
et j’ai même eu la chance de voir un nouveau-né, mais j’étais soulagée aussi
dès que j’avais traversé la zone où on trouve les bisons. Et puis j’ai fini
arriver au Yukon et à Whitehorse ! 2 581 km et Elfie n’a montré aucun signe de
faiblesse ! Mars l’a adoptée aussi et moi, il me reste plus qu’à m’habituer à
un véhicule où tout fonctionne !
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