Quand l’été arrive au Yukon… Oui, il arrive quand au juste ?
Certains diront qu’il n’est pas encore arrivé, avec des températures entre 4°C
et 15°C (moi, ça me va, vous savez à quel point j’aime la chaleur…), mais à en
croire la végétation, l’été se tient au calendrier au Yukon…
À mon retour de Port Hardy à la fin du mois de mai, le printemps
montrait le bout de son nez. Les bourgeons grossissaient, les premières petites
feuilles sortaient et les crocus fleurissaient partout en forêt. Mais il a
fallu attendre le solstice d’été pour que tout soit vert et que les fleurs d’été
embellissent le paysage avec leurs magnifiques couleurs… Au mois de juin ce
sont les lupins qui couvrent le sol forestier d’un beau bleu violet, puis
fleurissent les roses sauvages, odorantes et magnifiques, puis le thé du
labrador et bien d’autres encore. L’hiver ici est long et froid, mais quand l’été
est là, la nature célèbre son arrivée avec une explosion de couleurs et de
senteurs !
Les Yukonais, eux font simplement la fête. Les festivals d’été s’enchaînent
tout le long de l’été à travers le territoire. À Whitehorse on a commencé avec
le Kluane Mountain Bluegrass Festival. Pour cette occasion plus de 50 musiciens
de tout le continent se sont rendus à Whitehorse et on a joué de la musique,
dansé et chanté tout un weekend sous le soleil de minuit ! Quel festival !! Et
quand on est bénévole dans la cuisine, on devient le meilleur ami de tous ces
musiciens…
Comme d’habitude au Yukon, une saison ne se passe pas sans au
moins un évènement plus ou moins apocalyptique… Dû aux grandes quantités de
neige que nous a apporté l’hiver passé et aux fortes pluies printanières, la
première semaine de juin TOUTES les routes qui connectent le Yukon avec le
monde extérieur ont été détruites par des inondations et glissements de terrain.
Pour plusieurs jours, nous étions coupés du monde extérieur et très vite, cela
s’est fait remarquer dans les épiceries qui s’étaient fait dévaliser ! Plus de
fruits et légumes, plus de pain, plus de produits laitiers, plus de papier
toilette et bien d’autres choses encore ont manqué très vite. Deux épiceries
ont fini par louer un gros avion pour faire livrer des vivres. Au bout d’une
semaine, les routes étaient au moins partiellement ouvertes et la nourriture
nous parvenait une fois de plus. Mais c’était encore le chaos… Les boîtes s’empilaient
dans les rayons et il n’y avait pas de place ni assez de main de d’œuvre pour
tout déballer. Bref, après toute cette histoire la ville de Whitehorse a
distribué des dépliants à tous ces habitants, nous disant de toujours être
préparés à tout genre de catastrophe et de toujours disposer de tout le
nécessaire pour survivre pendant 72 heures… Alors la fin du monde peut arriver,
ici on vivre au moins 72 heures de plus !
Avec l’été sont arrivées bien des belles choses, je l’ai déjà dit :
la verdure, les fleurs, les festivals… Mais avec ces belles choses sont aussi
arrivés des fléaux : les écureuils (qui ont décidé de construire un nid
dans mon toit et qui après deux bonnes heures de death metal à plein volume ont
changé d’avis), les fourmis (qui après s’être faites massacré par centaines ont
décidé de ne plus me rendre visite dans ma cabane), les moustiques (qui me
suivent partout où je vais et qu’aucun argument ne fait changer d’avis
là-dessus), les araignées (qui persistent à me faire avoir des arrêts
cardiaques sous la douche ou me levant le matin), les écureuils encore (qui me
détestent maintenant et me réveillent tous les matins en galopant sur mon toit)
et le soleil (qui ne se couche jamais et transforme la nuit en jour… on perd
toute notion du temps et on rêve de noirceur, d’étoiles, de la lune et d’aurores
boréales). Oui, oui, je sais ce que vous pensez, ça doit être terriblement dur
les étés au Yukon ! Mais il y a bien des moyens pour survivre cette saison :
on s’amuse à terroriser les écureuils, on se transforme en tapette à mouche
vivante, on fait des activités de plein air à N’IMPORTE quelle heure et on
pense à la noirceur interminable de l’hiver…