Quelques jours après mon petit voyage à Skagway, AK, on peut
dire que l’été à réellement commencé pour moi (malgré la neige…). J’ai quitté
ma jobbe de barista chez Starbucks, j’ai fait mes valises et me suis envolée
vers le « sud » ! Ce n’est pas que Starbucks paie si bien que je
pouvais soudainement me payer des vacances au Mexique, c’est que je suis
retournée travailler sur le terrain. La saison d’exploration avait enfin
commencée et elle avait bien commencée : je me suis rendue à Port Hardy
sur l’île de Vancouver où j’étais logée dans une belle grande maison avec vue
sur la mer et Jacuzzi (avec vue sur la mer, cela va de soi). Les pygargues à
tête blanche virevoltaient devant nos fenêtres et les locaux tournaient en rond
devant notre porte ! Les nouvelles courent vite dans cette petite ville et la
population étant majoritairement masculine, la présence de trois jeunes
femmes (et oui, notre équipe
d’exploration était majoritairement constituée de femmes) ne passait pas
inaperçue (des jeunes hommes tout à fait galants venaient frapper à notre porte
pour nous inviter à des soirées, des promenades…).
Mais parlons travail… En gros, on passait nos journées à
prospecter pour des métaux précieux dans les montagnes autour de Port Hardy. La
prospection, c’est comme une chasse aux trésors, c’est palpitant ! On cherche, on
échantillonne, on cherche, parfois sans trouver pendant des heures ou des jours
et là, tout d’un coup on regarde une roche et on y trouve des minéraux
indicateurs de présence de métaux. C’était quatre semaines de prospection dans
les montagnes boisées autour sur le nord de l’Île. On travaillait sous le
soleil, la neige, la grêle et surtout la pluie, la pluie, la pluie ! On
traversait des coupes à blanc et des « forêts vierges », on suivait
des ruisseaux qui se transformaient en torrent dans le fond d’un canyon et on
escaladait des parois rocheuses, on faisait du « tronc-en-tronc » et
on nageait (littéralement) dans les buissons de salal (le salal devient
tellement dense et haut, quand on le traverse, on nage et on s’accroche
désespérément aux branches parce que le sol est à un mètre ou plus sous nos
pieds…) et oh oui, on restait coincé dans le bush. La forêt pluvieuse, c’est
dense et c’est tout pour donner des accès de panique à tout claustrophobe qui s’y
aventure !
Pendant ces quatre semaines on vivait dans notre belle
grande maison à Port Hardy et tous les matins on partait sur le terrain avec notre
gros pickup et on rentrait le soir, chargés de roches (et oui, là ce n’est pas
une blague, on se promenait avec des pierres dans nos sacs !) et d’échantillons
de sol ou de sédiments. Binx nous accueillait joyeusement tous les soirs et on
avait l’impression de rentrer à la maison. Sur le terrain évidemment on a eu
plusieurs petites aventures : des plats, des rencontres avec des camions
chargés de bois énormes et des démonstrations de choses à éviter manquées
(Sylvie, la biologiste de service explique à tout le monde à quel point il est
important d’éviter de toucher le Devil’s club aux épines toxiques, première
chose que je fais c’est passer tout droit à travers un buisson de Devil’s club
en prenant une branche dans chaque main et en me faisant frapper par une
troisième branche à travers le visage). Bien sûr, il y a aussi eu des ours, c’était
inévitable et j’ai eu le plaisir d’enfin comprendre tout l’intérêt d’éviter les
oursons… Si vous n’avez pas encore eu le privilège de voir une maman ours
furieuse vous charger, croyez-moi, ça fait peur !
Le voyage en hydravion, la belle grande maison, le jacuzzi,
l’adorable Binx, la mer, les lions de mer, la forêt pluvieuse, les pygargues à
tête blanche, les ours, toutes nos petites aventures, mes collègues et tout ce
que j’ai appris sur la géologie, auront fait de ce voyage une superbe et
inoubliable expérience !! Et pourtant j’étais heureuse de retrouver mon Yukon
où le printemps montrait enfin son bout de nez quand je suis arrivée il y a 10
jours…